jeudi 11 juillet 2019

Georges nous a quitté.

« Georges nous a quitté » 

C’est par cette phrase laconique que Lydie-Flore, sa femme, un dimanche, nous a, téléphone aidant, annoncé cette triste nouvelle…

Les Amis des Musées du pays d’Allevard payent un lourd tribu !

Né en 1941 d’une mère « 1ere » pharmacienne d’Allevard et d’un père militaire, le galopin Allevardin se retrouvera sur les bancs de « Champollion » à Grenoble. Un passage par Médecine, pour s’orienter vers le droit et la philosophie (qu’il enseignera quelques années à Lyon) cet éclectisme et une curiosité naturelle, presque pathologique (petit, il apprenait page par page le dictionnaire, dit un de ses proches…) va enrichir la fabuleuse mémoire de notre ami Georges. Visiteur médical, conseiller culturel à la mairie de St-Martin d’hères détaché à la cité des sciences (qui lui valut d’être élu à la société Française d’histoire de la médecine).

Depuis 1974 il était chroniqueur aux « affiches » de Grenoble. Que de personnages, oubliés dans le meilleur des cas, inconnus et « exotiques » la plupart du temps, il a porté, souvent avec humour, à notre connaissance chaque semaine.

En 1975, il est de ceux, qui avec le Dr Maurice Collin, vont donner un musée au pays d’Allevard  (musée à ce jour en cours de mutation et de rénovation). Présent et actif au moulin/taillanderie de Pinsot, présent encore pour le sentier du fer, omniprésent dans la mémoire locale… 

L’année du Bicentenaire (1989), il s’installe dans sa « tanière » au-dessus de Pinsot, à la Piat, non pas pour hiberner, mais pour écrire et compléter ses connaissances quasis encyclopédiques. On se souviendra de l’épicerie de la Ferrière et du « café-littéraire » de l’arrière-boutique ; c’est là que je l’ai découvert.

Personnage jovial, ouvert, au caractère bien trempé, de ces gens qui ne laissent pas indifférent. Etait-il conteur, passeur de mémoire, comédien ? Sans doute tout cela à la fois…

Historien passionné, il l’était surement, preuves : les nombreux ouvrages ou publications (une quarantaine qui lui vaudront le prix de l’Alpe en 2008) publiés au fil des ans consacrés à son pays d’Allevard, à ses sombres forêts, ses torrents impétueux, ses mines et ses maîtres de forges.
Coté thermes, crinolines et ombrelles ne l’ont pas laissé insensible. Beaucoup d’humains dans ses récits, au sens propre et au figuré…

Une jouissance non dissimulée quand le personnage est « borderline » comme on dit aujourd’hui. Toujours documenté, avec le petit « glissement » qui donne de l’épaisseur au personnage, rarement à l’écrit, souvent à l’oral. Oui, à l’oral, car le scribe est aussi orateur ! Voix douce, enjôleuse parfois, Il raffolait de la causerie à l’ancienne, pas trop d’images  comme le veulent de plus en plus nos « auditeurs modernes »

Et bien n’en déplaise, ils se pressaient encore nombreux à Allevard pour l’entendre officier.


Il va nous manquer, c’est certain !

Dominique VOISENON, Président de l'AMPA