Autres
chemins divers
Sentes
ou sentiers étroits, publics ou privés, anciens chemins de mineurs et
charbonniers, ils permettaient la circulation avec des bêtes bâtées et, comme
tous les autres, de personnes portant :
·
les traditionnels « grabins »
·
les bringues à lait
Citons encore un moyen de
trasport pour de courtes distances et du vrac : le casse-cou
Une famille d’agriculteurs en (quasi) autonomie
Grâce
aux temoignages de plusieurs anciens de la vallée, nous pouvons nous faire une
idée de la manière dont une famille pouvait vivre en quasi autarcie
alimentaire . Cette cellule familiale comprenait trois générations sous le
même toit :
·
Le père et la
mère
·
5 enfants
·
La grand-mère
et/ou le grand père.
Tous, y compris les enfants à partir de 6/7 ans, en
dehors des heures d’école, devaient participer aux travaux de la ferme.
Passons en revue les sources d’alimentation.
La basse-cour
Entretien dévolu aux
femmes et aux jeunes enfants
15aine de poules
Production : cette quinzaine de poules fournissait 1500 à
2000 œufs par an, soit 6 à 8 œufs par jour. Elles étaient élevées pendant environ
deux ans, puis destinées à la consommation. Chaque année, au printemps, une des
poules était choisie pour couver une douzaine d’œufs (21 jours) pour assurer le
renouvellement de celles qui étaient mangées.
Alimentation : vers,
insectes, graines diverses, qu’elles découvraient en liberté autour de la
maison, et distribution de grain et de pommes de terre.
La nuit et l’hiver, elles étaient
rentrées au poulailler à l’abri des prédateurs : buses et aigles le jour
et renards et fouines la nuit.
20aine de lapins
Production : Une dizaine
de lapins, élevés en cages, étaient destinés à la consommation.
Alimentation : herbe
et déchets végétaux de cuisine ou du potager.
L’entretien de la basse-cour était
dévolu aux femmes et aux jeunes enfants. Le nettoyage des cages était
quotidien, car le lapin est un animal fragile.
Entre les lapins et les poules, la
famille pouvait compter une unité par mois pour la consommation.
Les abeilles
Chaque famille avait 4 ou 5 ruches en paille, pour la
production de miel. Ces ruches étaient nettement plus petites que les ruches en
bois que l’on connait aujourd’hui. Une ruche donnait, selon les années de 8 à
10 kg de miel pour la consommation, 40 à 50 kg
Le potager
Il était préparé par les hommes : retourner
et fumer la terre, puis devenait le domaine des femmes : semer, arroser,
sarcler, cueillir,…. Les principales productions étaient salades, carottes,
poireaux, choux, blettes, oignons, persil, courges, En bordure contre les grillages de protection,
étaient plantés des arbustes à petits fruits tels que groseilliers,
cassissiers. Dans chaque potager, un coin était réservé pour faire pousser des
chrysanthèmes pour la Toussaint.
Particularité : les choux étaient
conservés pour l’hiver, stockés en tas dehors, recouverts de fougères, sous la
neige.
Le petit bétail
2 cochons
Deux
porcelets de 20/25 kg étaient achetés chaque année pour être engraissés jusqu’à
120/130 kg puis tués : l’un acheté à la foire de printemps, pour être prêt
pour Noël, l’autre à la Saint Michel pour Pâques.
Production :
2 cochons de 120 kg = production de 200 à 220 kg de viandes et charcuteries :
Alimentation :
petit lait, son, farine de seigle, pommes de terre, déchets alimentaires,
betteraves cuites
Il y avait deux porcheries, l’une à
la maison principale et l’autre à la maison d’estive. Les cochons montaient en
même temps que les vaches, car le petit lait qui servait à leur alimentation
était un sous-produit du lait après la fabrication du fromage.
Les deux journées pour tuer le cochon demandaient beaucoup
de travail : recueil du sang pour faire les boudins, les saucisses avec
choux ou betteraves rouges, découpe de la bête, mise au saloir (40/45 jours),
préparation des jambons,
etc. Souvent les voisins venaient donner le coup de main.
8 moutons et 4 chèvres
Production :
ces moutons et chèvres produisaient :
o
Du lait, (en moyenne 2 litres par jour pour une
brebis, 5 litres pour une chèvre) soit 30 litres par jour. Une grand partie
était transformé en fromage tous les tous les deux jours. La production
annuelle était de l’ordre de d1 tonne par an (20 litres pour 1 kilo de fromage)
o
8 à 10 cabris et agneaux par an pour renouvellement
du troupeau et consommation familiale,
o
De la laine pour le tricotage de vêtements,
o
Du cuir pour divers usages.
Alimentation : mise
en pâture de la fonte des neiges au printemps, puis montée à la maison annexe
en même temps que les vaches jusqu’aux premières chute de neige. Pendant la
saison d’hiver : foin + liasses, (fagots de branches de frênes, tilleuls,
planes, ) qui étaient
coupées chaque automne avant la chute des feuilles. Les liasses étaient
stockées dans les granges avec le foin.
Les soins et la garde étaient
souvent attribués aux enfants et adolescents qui devaient, pendant les périodes
scolaires, les mettre hors de l’écurie le matin et les récupérer le soir après
l’école.
Le bétail
6 vaches
Production : les 6
vaches de race tarine, produisant en moyenne 15 à 18 litres de lait par jour.
La production variait suivant les saisons et selon le fait qu’elle devait ou
non nourrir un veau. L’essentiel du lait était transformé en beurre et fromage tous
les deux jours. En attendant, le lait était conservé au fraidier, petit
bâtiment séparé dans lequel coulait de l’eau pour le tenir « au
frais » ou une pièce sur l’arrière avec une paroi à clairevoie au nord de
la maison., Pour faire 1 kg de beurre, il faut récupérer la crème de 22 litres de
lait. Le lait écrémé servait ensuite à la production du fromage à raison de 12
litres pour 1 kilo de tomme. Le petit-lait constituait une partie de
l’alimentation des cochons, raison pour laquelle ils suivaient les vaches quand
elles allaient à la maison d’estive.
La ferme pouvait produire de
l’ordre de 1 tonne de beurre et 2 tonnes de fromage.
Gestion du troupeau :
Les
vaches étaient gardées 4 à 6 ans puis vendues pour la boucherie.
Chaque
année 2 veaux étaient élevés sous la mère, pour la vente
1
ou 2 génisses étaient gardées pour le renouvellement du cheptel.
Alimentation : en
champs autour des maisons après la fonte des neiges. Les bêtes sont gardées
pendant les horaires de pâture pour veiller à ce qu’elles mangent tout ce qui
se trouve dans la parcelle. À partir de mai, elles sont montées à la grange
avec écurie qui jouxte la maison d’estive. Elles vont y rester jusqu’à
l’automne, avec le même régime : traite le matin puis gardées « en
champ » pendant environ 2 heures, retour à l’écurie et en fin d’après-midi,
traite et « en champs ».
Pendant la période ou les vaches
pâturaient près de la maison principale, la garde était confiée aux femmes qui
emportaient un « ouvrage » : tricotage d’un habit ou réalisation
de dentelles qui étaient vendues à une dentellière.
Pendant la période ou les vaches
étaient près de la maison d’estive, une personne ou deux personnes (souvent une
âgée et un adolescent) y logeaient et étaient chargée de la garde, la traite,
la transformation du lait, le changement de litière. D’autres membres de la
famille venaient pour une ou plusieurs nuits, pour aider ou réaliser les
travaux à faire près de cette maison, mais sans rester en permanence.
L’hiver,
les bêtes étaient rentrées en bas à l’écurie et nourries au foin.
Un mulet et/ou
un âne
Animaux de trait, ils étaient à
l’écurie avec les vaches, mais leurs activités étaient les transports et
travaux de force de toute nature. De ce fait, ils étaient en haut ou en bas
selon les besoins.
Le fourrage
Six vaches, une dizaine de moutons et chèvres, un mulet, un
âne. Il fallait préparer et stocker des quantités importantes de fourrage, pour
nourrir tout le bétail pendant la période des neiges qui pouvait durer de 5 à 6
mois :
·
Couper à la faux dans les champs et à la
faucille près des clapiers ou murs,
·
retourner à la fourche, puis ratisser au râteau
pour faire des lignes de regroupement (les andins)
·
transporter au friquet ou en ballots jusqu’aux
granges
Les
granges d’en haut servaient pour abriter le bétail la nuit durant l’été et à
stocker du fourrage pour l’hiver qui était descendu sur les luges dans des
filoches (genre de filets en cordes), à mesure des besoins.
À noter que la qualité nutritive du foin était très supérieure
à celle d’aujourd’hui pour deux raisons :
·
le travail à la main secoue moins fortement le
foin que les coupes et récoltes mécaniques avec comme conséquence qu’il perd
moins de graines, partie la plus nourrissante de la plante,
·
les champs étaient retournés et réensemencer
tous les trois ans, car les plantes deviennent moins productives au fil des
années.
Les cultures
La première opération pour toutes
les plantes cultivées est le labour. Il fallait :
o
Apporter et étendre le fumier amené avec un
traineau tracté par le mulet,
o Labourer
avec des vaches, animaux puissants, lents et calmes. Le mulet n’est pas bien
adapté pour ce travail, car trop vif. Toutefois, si le terrain était vraiment
dur, le mulet était mis à contribution, attelé devant les vaches
Si la pente est trop forte, le mulet ou l’âne ne peuvent pas
tirer le traineau chargé de fumier qu’il faut monter en ligne directe pour ne
pas verser. En plus, il faut aussi remonter la terre dégagée lors du creusement
du premier sillon, pour combler le dernier. Des jeux de poulies étaient alors installés,
fixés à des arbres ; ce dispositif permettait de monter plus facilement le
traineau, le mulet ou l’âne tirant le câble à la descente
Le froment
Cultivé pour l’alimentation humaine,
les semences étaient rachetées périodiquement (+/- 3 ans) aux colporteurs.
Venant de Savoie par La Rochette, ils remontaient la vallée du Haut Bréda puis
la Combe-Madame, passaient le Col de la Croix, descendaient au Col du Glandon
puis se dirigeaient soit sur la vallée des Villars, soit sur Bourg d’Oisans.
Autrefois, le Col de La Croix était un axe marchand important entre le Dauphiné
et le royaume de Piémont-Savoie, d’où la présence de 8 douaniers au recensement
de 1856 évoqué au début de cet exposé. Ils logeaient à La Martinette. Après l’arrêt
du colportage, la vente sur catalogue prit le relais.
Les récoltes se faisaient à la
faucille et le transport sur des draps pour ne pas perdre de grains. Puis le
blé était battu au fléau et, à partir des années 1930, progressivement les
batteuses mécaniques se sont imposées. Les années avec une très mauvaise météo,
si la récolte ne mûrissait pas naturellement, il arrivait qu’elle soit « finie »
au four pour obtenir une graine apte à être moulue.
Le vannage pour séparer le grain de
la paille se faisait avec un panier spécial puis plus tard avec un van
mécanique, entièrement en bois de fabrication locale. La paille servait de
litière pour les bêtes.
Les grains étaient transportés à
l’un des moulins de la vallée pour être moulus. Il fallait ensuite procéder à
l’opération de blutage, séparation du son et de la farine. Le son était destiné
à l’alimentation des cochons et des vaches.
Les
« Forges et Moulins de Pinsot » dispose d’une installation encore en
état de marche pour ces opérations.
Fabrication
du pain :
Avant 1793, le seigneur local (pour la vallée, le comte de
Barral) avait l'obligation de
construire, entretenir et mettre à disposition de tout habitant de la seigneurie fours, moulins et pressoirs. Le seigneur avait la charge de « banalité ».
En contrepartie, les habitants de la
seigneurie qui n’avaient pas le droit de posséder de telles installations,
étaient obligés d’utiliser celle du seigneur contre redevance, la « fournée »
pour le pain. Pour éviter de payer trop souvent la « fournée »,
le pain était cuit seulement une fois par mois.
Il y eut ensuite des fours communautaires de hameau ou des fours
individuels en pierre. Plus tard, entre les deux guerres apparut le four métallique
qui demandait moins d’entretien et pouvait être déplacé en cas de modifications
des bâtiments
Le pain
était cuit en boule ou galettes épaisses pour mis dans un râtelier suspendu au
plafond pour la conservation hors de portée des rongeurs
Le seigle
Le
seigle était cultivé dans les terres les plus hautes, jusqu’à 1 400 m
d’altitude. Il était toujours battu au fléau et vanné manuellement pour ne pas
casser la paille. Le grain était moulu, la farine servait surtout à l’alimentation
animale et un peu pour cuire du pain de seigle. La paille avait deux
utilisations principales : en bottes pour faire les toitures en chaume de
granges et tressée pour fabriquer : ruches, récipients divers, paniers...
L’avoine, le maïs
Ces deux céréales étaient destinées
essentiellement à l’alimentation du bétail. Le type de maïs cultivé était
souvent coupé à 80/90 cm de haut et la plante entière, même si les épis
n’étaient pas mûrs, servait de fourrage pour le bétail.
Le chanvre
Plantes à hautes tiges souvent 2 mètres. Production pour
faire les cordages. Les tiges traitées étaient données au cordelier
Les pommes de terre
Les pommes de terre étaient l’un des aliments de base :
alimentation humaine et alimentation des cochons et des poules. Pour couvrir
ces besoins, il fallait en produire environ 2 tonnes par an.
Cultivées jusqu’à 1 300 m, les parcelles étaient fumées
et labourées puis hersées. Une fois les parcelles préparées, des lignes
parallèles étaient tracées une sorte de râteau à trois dents, tiré par une
personne, puis deux personnes suivaient, l’une avec une pioche pour soulever la
terre, l’autre avec des pommes de terre dans le tablier pour en glisser une
dans chaque trou.
Deux sortes de pommes de terres étaient cultivées : des
petites pour l’alimentation du bétail, des grosses pour l’alimentation humaine.
Les fanes étaient données au bétail.
Les betteraves
Le terrain se préparait comme pour les pommes de terre et
les semis se faisaient au printemps « quand les feuilles de frênes font la
croix ».
La betterave fourragère en plein champ était semée en plein
champ pour l’alimentation animale. Elle était donnée crue et râpée pour les
lapins, cuites pour les cochons. Les feuilles étaient données au bétail.
La betterave potagère rouge était destinée à l’alimentation
humaine : racines râpées, feuilles cuites
La luzerne
Après les récoltes, une partie des champs étaient hersés
pour semer de la luzerne qui complétait l’alimentation du bétail.
Plantes des zones humides et marais
Signalons encore la récolte des plantes de zones humides de
la famille des roseaux qui servaient au paillage des chaises et à la litière
des animaux.
Dans ces zones, la division des terres étaient faite de
manière à ce que les propriétaires alentour puissent chacun avoir un accès à
une partie de la ressource.
Les fruits
Il y avait de nombreux
vergers ; trois arbres fruitiers produisaient bien dans la vallée :
pommiers, poiriers, pruniers sous réserve de planter les espèces adaptées au
climat. Plus difficilement venaient des cerisiers donnant un peu de cerises
noires. Les cerisiers produisaient bien autour d’Allevard : fabrique de
kirch à la Chapelle du Bard.
Au bas de la commune de La Ferrière
et sur Pinsot, on avait des noyers. Les Forges et Moulin de Pinsot produisent
encore pour les « touristes » de l’huile de noix à leur moulin. Certaines
familles avaient aussi l’accès à des récoltes hors de la commune par propriété
de parcelles ou arrangement avec des voisins ou parents, comme des châtaigniers
sur Saint Pierre d’Allevard. Le ramassage des châtaignes se faisaient en deux
temps :
·
les fruits dans les bogues étaient mis en
tas : l’opération était le biotage des châtaignes (Biot = bogue en
patois). Le jour de cette opération, départ de Montarmand vers 4 heures du
matin, descente à pied pat La Vie Plaine, le Jeu de Paume puis Montgoutoud et
retour le soir après le travail.
·
Trois semaines plus tard, les bogues s’étaient
ouverts, les fruits étaient collectés puis chargés dans des paniers. Ils
étaient remontés sur le barotin avec le mulet et mis dans le puits à châtaigne
dans la cave de la maison.
Certaines familles avaient des vignes sous la Tour du Treuil
ou vers la Chapelle du Bard. Travailler la vigne qui n’est pas à proximité :
tailler, vendanger, presser, mettre en bouteilles, …. beaucoup de travail
annexe pour un vin ?
La chasse
La
chasse était peu développée, car la forêt restreinte. Néanmoins, il était
possible de se procurer des compléments alimentaires en chassant :
·
Le chamois, mais à l’époque au-dessus de
2 000 m,
·
La marmotte, chasse difficile car il faut faire
des repérages d’entrées de galerie d’hiver. Récompense, avec certaines
recettes, c’est bon !
·
Le sanglier, rarement et suivi à la trace
l’hiver
·
Le coq de bruyère, un incontournable des repas
de noces
·
Le lièvre blanc
Les
nuisibles comme le renard ou la fouine étaient chassés par opportunité et
nécessité, mais n’étaient pas mangés dans la région.
Le
chevreuil n’est apparu dans la vallée qu’en 1953, le bouquetin dans les années
1990, le cerf dans les années 2000.
Un peu de
cueillette
Peu de fruits sauvages comme la myrtille ou la framboise,
car les surfaces non cultivées ou pâturées n’étaient pas importantes, il y
avait cependant la cueillette de plantes divers ou de feuilles médicinales.
Les travaux divers
Outre les travaux agricoles, il
fallait aussi entretenir les bâtiments avec chacun son rôle :
Aux
enfants de 10 à 15 ans : le collecte des pierres sur les clapiers avec le
traineau et le mulet
Aux
femmes : l’approvisionnement des lauzes en ardoise
Aux
hommes :
L’extraction
du sable au Bréda
La construction
des murs
La coupe
des arbres
La fabrication
de charpentes,
etc
Les hommes fabriquaient aussi
§ outils
et objets usuels en bois :
§ finitions
des galoches et sabots, pose du dessus en cuir sur les semelles taillées à La
Ferrière,
§ des
meubles et installations diverses dans la maison ou les granges.
Les femmes produisaient :
·
les vêtements à partir de la laine qu’elles
filaient et de tissus achetés
·
des gants avec la découpe des peaux et la
couture
·
de la dentelle, le soir ou pendant la garde des
bêtes en champs.
Gants
et dentelles étaient faits pour le compte de gantiers, modistes, ….de La
Ferrière puis d’Allevard.
L’école
6 à 14 ans, les enfants allaient à
l’école primaire
·
descente quotidienne à pied à La Ferrière
·
casse-croute au café
·
retour dans l’après midi
·
fin après-midi, travaux tels que garde des bêtes
·
pendant les vacances : travaux toute la
journée
·
en culottes courtes et galoches été comme hiver
(molletières)
Après 14 ans, les familles les plus
riches pouvaient envoyer les enfants au cours moyen à Allevard ou Saint-Pierre
avec mise en pension chez des habitants. Peu d’enfants pouvaient y aller, car
il fallait payer la pension.
Pour la plupart, ils quittaient
l’école à 14 ans pour travailler à temps complet à la ferme ou aller
s’embaucher ailleurs.
En conclusion
La ferme que nous avons imaginée
était une ferme « importante » pour la vallée. Les productions de la
ferme et les compléments de chasse ou de cueillette permettaient à la famille
de bien vivre. Une fois les besoins de la famille satisfait, les surplus
étaient vendus directement et localement à d’autres habitants, tels que œufs,
fromage, beurre. Quelques bêtes étaient vendues à des négociants : veau
élevés sous la mère, vaches réformées, agneaux ou cabris. Les produits de ces
ventes permettaient les achats indispensables de tissus, d’outillages en fer,
de quincaillerie, … qui ne pouvaient pas être produits sur place
Les achats alimentaires se
résumaient aux produits suivants : sel, sucre, huile, café. Mais en période de
restrictions comme pendant les guerres :
·
Les achats d’huile étaient remplacés par la culture
d’œillettes, plante produisant une grosse fleur remplie de graine, (pressoir à
Allevard). L’huile d’œillettes est encore produite de nos jours dans le nord de
la France pour des applications industrielles, notamment en peinture.
·
Les achats de café étaient remplacés par la
chicorée produite localement,
·
Les achats de sucre étaient remplacés
partiellement par l’augmentation du nombre de ruches pour faire des préparations
sucrées.
Pour vivre « juste », une
telle famille aurait pu se contenter de l’ordre de 5 à 6 hectares + les droits
de pâture dans les communaux. En dessous de cette taille, il devenait très
difficile de vivre sans revenus annexes comme l’entretien des chemins communaux
confié par la Mairie. Pendant longtemps, l’exploitation du fer et tous les
travaux et métiers induits avaient permis à de nombreuses familles de subsister
dans la vallée avec des surfaces agricoles plus faibles. Mais les mines
disparaissant, il n’était plus possible de vivre sans une surface d’au moins
0,5 ha par personne, d’où l’exil de tout ou partie des familles à mesure de la
fermeture des mines : région de St Etienne, Espagne puis Algérie
Dans de nombreux dossiers de
candidature pour l’Algérie, on trouve dans les descriptions de biens de la
famille, des propriétés agricoles de 3 ou 4 hectares avec un chef de famille
qui déclare un métier complémentaire pratiqué hors saison agricole.