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Eugène Carrière et Ch. Pinat |
C’était, il y a 150 ans, le 30 mars 1864. Exaspéré par les
tracasseries administratives, les intrigues, les vexations du ministère de la Marine, le Maître
de forges d’Allevard Eugène Charrière mettait fin a une aventure d’exception
commencée en 1857 : celle des plaques de blindages de la Gloire. La
Gloire, première frégate cuirassée au monde, objet de toutes les attentions,
objet d’expérimentations et d’innovations techniques considérables et par là-même
raison d’investissements non négligeables...
Si l’activité allevardine dans le domaine ferroviaire
continue, ressorts (depuis 1854) et bandages de roues de locomotives (1855) en
particulier, il y a une urgente nécessité à trouver un autre débouché à la
métallurgie locale.
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la frégate La Gloire |
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l'sine de la Gorge |
En 1866, tout au fond de la gorge sans que l’on en
connaisse
bien les raisons (flou que nous cherchons encore à dissiper), ce seront les
Aimants qui prendront le relais. L’apparition, l’évolution d’un grand nombre
d’appareils nouveaux (télégraphie, téléphone, sonnettes ou appareils de mesure
électrique, etc, etc) vont offrir un espace commercial tel, que faute d’espace
dès 1902, l’activité quittera Allevard pour s’installer à Champ-Sappey, sur la
commune de Saint-Pierre d’Allevard. C’est ce même site que l’on peu voir
aujourd’hui en activité, activité réduite, il est vrai, si l’on se réfère aux
glorieuses années qui ont fait de ces ateliers une référence mondiale de
l’aimant.
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l'usine de Champ Sappey |
Dès 1882, on évoque « l’acier d’Allevard
pour barreaux aimantés » plaçant ainsi déjà l’entreprise au premier
plan. Au fil du XXe siècle, aimants au chrome, au tungstène, au cobalt ou au
nickel-aluminium vont alimenter Japy, la Cie des Compteurs, Thomson-Houston et
même de Dion-Bouton.
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le pressage des aimants |
Aimants et ressorts resterons tout au long du siècle
présent sur le site. Après le
grand bouleversement de la grande guerre, les années 20 apporteront un flot de
commande (350 à 400 t par an d’aimants forgés). Malgré la crise mondiale des
années 30 qui n’épargne pas la France, les aimants moulés sont lancés avec
en 1933 la mise au point des « Alnico ».
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Louis NEEL |
Les années 40, avec la présence de Louis Néel, prix
Nobel de physique en 1970, marqueront un grand pas dans le domaine des aimants
permanents. A cette époque la SHFFA (Ste des Hauts-Fourneaux et Forges
d’Allevard) est considérée comme la principale unité de production d’aimants en
France, reconnue pour sa technologie et la qualité de ses fabrications. Sa
traversée du conflit se fera sans grandes difficultés ayant pour principal client
l’armée Française et ce, malgré les pénuries de main-d’œuvre et de
matières premières. En 1950, SHFFA
décide d’arrêter la production des aimants forgés et de favoriser les
aimants moulés. En 1952, agrandissement de l’atelier des aimants frittés, suivi
en 1955 de la création du laboratoire de recherche et de contrôle et, enfin, en
1957, implantation d’un atelier de production de ferrites, nouveaux matériaux
céramiques qui viennent « bousculer » les techniques en place. Les
ateliers devront êtres reconstruits à la suite du gigantesque incendie de 1963.
Entre 1955 et 1973, le rapprochement d’Allevard et d’Ugine
(1962), tant dans le domaine de la
recherche que de la commercialisation, va placer la nouvelle société sur le
marché international. En 1969, Kuhlmann rejoint Allevard-Ugine : 409
emplois crées de juillet 1965 à juillet 1969 et 250 nouveaux emplois sur la
période 1969-1971. En 1972 vient s’ajouter l’usine d’aimants souples de Crolles
(70 personnes), bel exemple de délocalisation locale ... En 1974 Allevard-Ugine
devient Ugimag.
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coulée chez EUROMAG |
Les années 80 vont connaître de grands changements :
acquisition de l’activité « aimants terres rares » du groupe Suisse Brown-Boveri ;
expérience Japonaise avec la création d’un « joint-venture » ferrites
avec Kawasaki-Steel suivi de Singapour, du Brésil, lde a Pologne et de la Corée
du sud. Ce passage à l’échelon mondial ne sera pas favorable au site de St-Pierre,
pour des raisons stratégiques et d’objectifs industriels. En juin 1995,
Pechiney avait cédé ses actions Ugimag au groupe Carbone-Lorraine qui, en 2001,
se désengagera de l’activité aimant.
Le
15 avril 2008, l’entreprise filiale Ugimag est en procédure de redressement
judiciaire. La reprise de l’activité se fera par la société SEP (filiale d’ISIL
de Turin) et sauvera 70 emplois en constituant Euromag d’une part et, d’autre
part, la société Steelmag dans des mains asiatiques avec une trentaine de
personnes
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chaine de frittages à Euromag
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creuset EUROMAG |
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